Rencontre avec Anne-Laure Pliskine, magistrate et professeure associée

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crédit photo Adobestock
Découvrez l'interview de Mme Pliskine, magistrate, qui a rejoint la Faculté de droit de Grenoble en tant que professeure associée de droit privé.

Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?

J’ai réalisé mes études à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) d’Aix en Provence puis j’ai passé le concours des instituts régionaux d’administration (IRA) à Nantes. J’ai  commencé ma carrière professionnelle en tant qu’attachée de préfecture. A cette époque, je pensais que le concours de la magistrature était inaccessible… J’ai finalement passé le 2ème concours d’entrée à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM), réservé aux fonctionnaires, que j’ai réussi. J’ai débuté en tant que magistrate à Saint-Etienne où j’ai exercé la fonction de substitut du procureur. Je suis ensuite arrivée à Grenoble, toujours en qualité de substitut du procureur. J’ai travaillé, par la suite, à Valence comme juge aux affaires familiales, puis à Bourgoin-Jallieu aux postes de vice-présidente en charge de l’instance puis vice-présidente en charge de la chambre civile. Je suis arrivée l’année passée à la Cour d’appel de Grenoble où j’ai été affectée à la chambre de la famille. Depuis le 1er septembre 2020, je suis affectée à la chambre civile.

Cela fait beaucoup de fonctions successives, dans beaucoup de villes différentes !

C’est pour moi tout l’intérêt du poste. Mais ces évolutions ne sont pas inhérentes au métier de magistrat. Certains font le choix de garder la même fonction durant toute leur carrière. Personnellement, je préfère le changement. Dans ce cas, la mobilité géographique est souvent nécessaire, soit si l’on veut passer du second grade (juge, substitut) au premier grade (vice-président, vice-procureur), soit si l’on veut changer de fonctions car il est relativement rare de pouvoir exercer de nouvelles fonctions au sein d’un même tribunal, exception faite de certaines juridictions un peu moins attractives.

Est-ce votre première année en tant qu’enseignante à l’Université ?

Non, j’ai débuté en 2007, en donnant des cours de culture générale aux étudiants de l’Institut d’Etudes Judicaires (IEJ) de la Faculté de droit de Grenoble. Après une interruption pendant mes années passées à Valence, j’ai repris à nouveau mes cours à l’IEJ.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’enseigner ?

Je suis vraiment ravie d’enseigner car pour moi cette activité est très complémentaire à mon métier de magistrate. C’est très enrichissant de faire cours, cela permet de voir un autre public, plus jeune, pour rester en éveil intellectuellement. Les étudiants posent parfois des questions auxquelles nous n’aurions jamais pensé et c’est très stimulant !
Je suis aussi très attachée à la notion de service public. Montrer que l’on peut tout aussi bien réussir en passant par un IEJ que par un établissement privé est important pour moi. Il faut que tout le monde puisse avoir sa chance de réussir un grand concours de la fonction publique.

Qu’attendez-vous de vos nouvelles fonctions au sein de la Faculté de droit de Grenoble ?

Je souhaite faire découvrir ce qu’est le monde judiciaire car celui-ci fait souvent peur. Je veux dédramatiser les fonctions qui y sont associées, amener certains étudiants qui auraient envie de se lancer à poursuivre dans cette voie.
En cours, je m’appuie beaucoup sur mon expérience professionnelle. Je veux montrer, dans les cours de culture générale notamment, qu’il ne s’agit pas d’apprendre par cœur des connaissances. Le fait de s’informer apporte plus largement une capacité de réflexion sur la société. On ne peut pas se passer de se tenir au courant de l’actualité pour faire le métier de magistrat. L’évolution de la société implique l’évolution de certains dossiers, c’est très vrai par exemple lorsque l’on est juge aux affaires familiales. Il faut apprendre à réfléchir pour pouvoir travailler de manière différente.

Comment allez-vous gérer votre double emploi du temps ?

C’est un beau défi à relever ! J’ai passé une partie de mon été à préparer mes nouveaux cours, et cela occupera quelques-unes de mes soirées. Les journées peuvent être extensibles en travaillant le soir. Mon métier exige essentiellement de la rédaction donc je peux m’organiser comme je le souhaite.

Quelle matière allez-vous enseigner à la Faculté et auprès de quels étudiants?

A l’IEJ, je vais continuer à enseigner la culture générale, mais aussi la procédure civile. Dans les masters de Droit civil économique, Droit des personnes et de la famille, Contentieux et procédures d’exécution, je vais donner des cours de pratique de la procédure civile. Enfin, je vais enseigner le règlement des litiges dans le master de Droit de la banque et des opérations patrimoniales.
Publié le  22 octobre 2020
Mis à jour le  22 octobre 2020