La Faculté de droit développe son offre de formation en alternance

Formation
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A la rentrée 2023, la Faculté de droit a ouvert en alternance tous les parcours de master 2 appartenant à la mention Droit des affaires. Ainsi, après le parcours « Droit de la banque et des opérations patrimoniales » proposé en alternance depuis 6 ans, les parcours « Droit social » et « Droit de l’entreprise, juristes-conseils d’affaires » sont désormais ouverts dans cette modalité. Au-delà de la volonté politique commune de l’Université et de la Faculté de droit de développer ce mode d’enseignement, nous vous proposons de découvrir les raisons qui expliquent le succès de l’alternance à travers les témoignages des trois responsables de master en Droit des affaires ainsi que celui d’une ancienne étudiante en alternance.

Interview croisée de Mmes Baruchel et Picq, co-responsables du master Doit social, ainsi que M. Anou, responsable du master Droit de l’entreprise, juristes-conseils d’affaires (DEJCA)

Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir vos masters en alternance ?
Mmes BARUCHEL & PICQ : Cette ouverture répond à une forte demande des étudiants qui souhaitent être opérationnels plus vite, percevoir un salaire également et avoir un cadre supplémentaire qui les rassure. C’est aussi en réponse à la sollicitation des entreprises et des cabinets d’avocats qui nous envoient spontanément, depuis la création du master Droit social, des offres en alternance.
M. ANOU : Pour le master DEJCA, nous avons reçu ces dernières années de 2 à 4 offres spontanées d’alternance par an. L’ouverture du master en alternance est donc attendue par les professionnels. Elle a été bien accueillie par le Barreau qui y voit un vivier de futurs collaborateurs ainsi qu’un moyen de garder ou d’attirer les meilleurs talents en droit des affaires dans le bassin grenoblois. Les entreprises y voient également le moyen de recruter des collaborateurs de qualité, qu’elles vont contribuer à former et à adapter à leurs réalités.
Une deuxième raison justifie ce choix : la professionnalisation des formations fait partie de l’un des objectifs fondamentaux de l’Université. En ce sens, l’alternance est la voie royale, car le temps de formation est bien réparti entre l’entreprise et l’Université. à l’échelle nationale, il y a un grand mouvement d’ouverture des formations en alternance pour faciliter la professionnalisation et l’accès des étudiants à l’emploi, notamment dans le domaine du droit des affaires qui intéresse au premier chef les entreprises.
Enfin, les étudiants ont compris que l’alternance leur ouvre l’accès à de bonnes opportunités professionnelles et permet de recevoir une rémunération tout en se formant aux pratiques professionnelles.

Les masters Droit social et DEJCA sont, depuis leur création, rythmés par 3 jours de cours par semaine pour 2 jours de travail personnel, ce qui a favorisé leur ouverture en alternance...
Mmes BARUCHEL & PICQ : Oui, une grande majorité des étudiants réalisaient déjà un stage sur les 2 jours de travail personnel. Cela ressemblait donc à de l’alternance mais sans les avantages comme le salaire et l’encadrement. Désormais, les étudiants pourront réaliser leur alternance 2 jours/semaine de septembre à mars puis terminer en étant à 100% dans la structure d’avril à juin (temps normalement laissé pour réaliser les 2 mois minimum de stage obligatoire dans la version classique du master).
M. ANOU : Du fait de l’organisation des cours sur 3 jours, les 2 jours restant étaient jusqu’alors consacrés au travail personnel (travail sur le mémoire de fin de formation et préparation des séminaires proposés par les enseignants). Certains étudiants faisaient des stages perlés qui ont, en un sens, préparé à l’alternance. En revanche, les étudiants qui réalisent des stages n’ont pas les mêmes avantages qu’en alternance et les durées de stage sont plus courtes (rarement au-delà de 6 mois).

Comment l’ouverture en alternance de ces masters a-t-elle été accueillie par les étudiants ?  
Mmes BARUCHEL & PICQ : Sur une promotion de 15 étudiants en master Droit social, 12 ont signé un contrat d'alternance pour l'année 2023-2024.
M. ANOU : Les étudiants ont accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’ouverture du M2 DEJCA en alternance. La plupart des étudiants sont très précis sur ce qu’ils recherchent. Ils ont un très grand niveau de maturité et veulent trouver une alternance qui corresponde à leur projet professionnel. La capacité d'accueil maximale, fixée à 7 étudiants en contrat d'alternance, a été atteinte pour cette année 2023-2024.
L’alternance doit cependant se conjuguer avec la formation initiale. Toutes les places disponibles en master 2 ne peuvent pas être proposées en alternance, car l’Université a aussi vocation à faire de la formation par la recherche, notamment pour permettre d’accéder aux études doctorales.

Dans quels organismes les étudiants sont-ils susceptibles de réaliser leur alternance ?
Mmes BARUCHEL & PICQ : Pour le master Droit social, les principaux organismes d’accueil sont les cabinets d’avocats spécialisés en droit social ; les services juridiques ou RH en entreprises ; et les juristes en droit social dans les organismes de sécurité sociale (URSSAF, CPAM...).
M. ANOU : En ce qui concerne le master Droit de l’entreprise juristes-conseils d’affaires, les possibilités sont multiples : les cabinets d’avocats spécialisés en droit des affaires ou droit fiscal ; les cabinets d’expertise comptable et d’audit (notamment pour les étudiants en double parcours avec GEM) ; les services juridiques des grandes entreprises de la région (STMicroelectronics, Schneider, SAMSE, Roche Diagnostics France...), ceux des PME et des PMI…

Interview de M. Zinty, responsable du master Doit de la banque et des opérations patrimoniales (DBOP)

Depuis combien d’années votre formation est-elle proposée en alternance ?
Le master a été proposé en alternance dès sa création par Mme Carole Souweine, il y a 6 ans. Il a été construit et pensé en alternance avec notre partenaire, l’école Supérieure de la Banque (ESBanque).
Cette dernière fait l’interface entre la Faculté et les banques. C’est elle qui gère les contrats d’alternance. Elle assure également une partie de la formation au semestre2 du M2 en assurant un module d’enseignement professionnalisant sur le métier de Conseiller patrimonial.

Pourquoi ce master a-t-il été proposé en alternance dès sa création ?
Cette formation a été créée pour répondre à une demande des banques de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elles souhaitaient former les étudiants au poste de Conseiller en gestion de patrimoines. Le profil des juristes les intéresse tout particulièrement. Cette fonction nécessite, en effet, d’être un bon juriste (formation assurée par la Faculté de droit), un bon financier et bon commercial (formation assurée par l’ESBanque et les banques).
Mais le métier de Conseiller en gestion de patrimoines n’est pas l’unique débouché de ce master. Il forme à tous les métiers de la banque nécessitant des compétences juridiques, tels que juriste contentieux, juriste conformité ou bien encore avocat spécialisé en droit du crédit ou droit bancaire.

Combien d’étudiants réalisent leur M2 en alternance dans votre master ?
Le nombre d’étudiants a été assez irrégulier ces dernières années. Nous comptons, pour le moment, 12 alternants en alternance pour cette rentrée 2023, sur une capacité totale fixée à 20 étudiants pour notre master.

Comment les étudiants trouvent-ils leur contrat d’alternance ?  
Les banques recrutent beaucoup et travaillent en partenariat avec l’ESBanque. Il est donc facile de mettre en contact les étudiants et les banques de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’ESBanque propose des contrats d’alternance aux étudiants, la plupart du temps en tant que Conseiller patrimonial. Mais rien n’interdit aux étudiants de rechercher directement auprès des banques d’autres postes en alternance.
De plus, la Faculté de droit et l’ESBanque organisent chaque année un Job dating au mois de mars qui permet aux étudiants de M1 Droit de la banque et des opérations patrimoniales de rencontrer directement les DRH des banques pour préparer leur alternance en M2.

Les étudiants sont-ils fréquemment embauchés à la suite de leur alternance ?
Je ne dispose pas de chiffres précis mais je peux dire qu’un étudiant dont l’alternance se passe bien a de grandes chances de se voir proposer un contrat. Le taux d’insertion professionnelle est élevé et il y a de nombreuses possibilités d’évolution dans le secteur bancaire. On peut être Conseiller en gestion de patrimoines pendant quelques années en début de carrière et changer facilement ensuite.

Qu’est-ce qui explique le succès de l’alternance ?
Plusieurs raisons expliquent le succès de l’alternance, notamment : la prise en charge des frais d’inscription, la rémunération perçue par les étudiants et le taux d’insertion professionnelle élevé. Par ailleurs, les banques s’investissent dans l’alternance car si elles forment des étudiants c’est généralement dans l’idée de les embaucher ensuite. Il y a de beaux postes et de très belles carrières à faire dans le secteur bancaire.

Interview de Mme Ludivine Chlakhoff, ancienne étudiante du master DBOP, en alternance (promotion 2019)

Dans quel organisme avez-vous réalisé votre alternance ?
J’ai réalisé mon alternance au CIC Lyonnaise de banque. Mes missions en agence étaient variées afin de me permettre de découvrir le monde bancaire que je ne connaissais pas et d’acquérir une première expérience. Cette année en alternance, entre formation et agence, s’est très bien déroulée mais il ne faut pas négliger le rythme, la charge de travail ainsi que l’investissement personnel.

Quel a été votre parcours professionnel suite à votre alternance ?
À l’issue de mon alternance, le CIC m’a embauchée sur un poste de Chargé de clientèle particuliers. Aujourd’hui, je suis Conseillère patrimoniale auprès du même employeur.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui envisagent l’alternance ?
Il faut être motivé, bien se préparer pour les entretiens et participer au job dating proposé.
Une fois en poste, il faut essayer de développer votre côté commercial, de conseiller, et laisser un peu de côté le juriste que vous êtes !
Publié le  25 septembre 2023
Mis à jour le  1 juillet 2024