Interview de Me Christian Novel, notaire

Découvrez l'interview de Me Christian Novel, notaire et membre du Conseil de Faculté.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre parcours ? 

Après l’obtention d’une licence en droit à la Faculté de Lille, j’ai poursuivi mon parcours universitaire à la Faculté de droit de Lyon 3 jusqu’à l’obtention du Diplôme Supérieur de Notariat (DSN). J’ai ensuite débuté mon activité professionnelle en tant que salarié dans deux études importantes implantées à Lyon, durant une période de sept ans. En 1998, j’ai intégré une étude urbaine à Grenoble en qualité d’associé.
Parallèlement à mon activité à l’étude, j’ai exercé plusieurs mandats dans nos instances professionnelles.

Vous participez activement à la vie universitaire par votre investissement au sein du Conseil de Faculté et votre présence aux événements : pourquoi est-ce important pour vous ?

J’ai toujours été intéressé et impliqué dans la formation. J’ai commencé en étant chargé de travaux dirigés à Lyon 3. J’ai ensuite régulièrement participé aux journées d’enseignement des semestrialités du DSN, aux jurys de mémoires, au cours de fiscalité en M2 notarial.
Comme l’ensemble des notaires, je dois énormément à la formation universitaire de haut niveau qui m’a été dispensée et il est évident pour moi que la profession doit continuer à s’intéresser à la vie de la Faculté, à ses projets et à l’évolution de l’enseignement supérieur. Nous devons pouvoir échanger avec la communauté universitaire, pour apprécier l’adéquation entre la nature et la qualité des enseignements dispensés et les besoins de la profession par exemple. J’imagine que la Faculté doit aussi pouvoir s’enrichir de l’analyse des représentants de l’ensemble des professions du droit.

Accueillez-vous des étudiants (en stage, en alternance ou en tant que notaires stagiaires) dans votre office ? En quoi est-ce important d’accompagner la nouvelle génération ?

Oui, notre structure est suffisamment importante pour accueillir des étudiants et nous sommes attentifs à toujours avoir des notaires stagiaires. Il est fondamental que la profession prenne sa part dans la formation des futurs diplômés puisqu’il s’agit de nos successeurs, ils sont l’avenir de la profession. L’organisation du DESN permet, avec l’alternance des cours et des périodes en entreprises, de proposer une formation complète et de qualité. Plus égoïstement, proposer des postes à de futurs diplômés, quel que soit le niveau d’étude, nous permet aussi de repérer les meilleurs profils pour chaque poste. 

La Faculté de droit diplôme chaque année une vingtaine d’étudiants en master Droit notarial qui poursuivent souvent en DESN: quels débouchés professionnels leur sont offerts sur le plan local ?

A l’heure actuelle et malgré une conjoncture économique difficile, les étudiants qui poursuivent en DESN ont tous trouvé un stage. Ces étudiants ont donc vocation une fois diplômés à devenir des collaborateurs de haut rang ou à s’installer en tant que notaires individuels ou associés.

Vous avez effectué plusieurs mandats au sein des instances notariales et, notamment, vous avez été le premier Président de la Chambre interdépartementale des notaires du Dauphiné créée l’année dernière : qu’est-ce que cette nouvelle structuration a apporté à la profession au niveau local ?

Je crois qu’indéniablement elle a apporté, par la suppression des anciennes instances et donc la simplification de l’organisation, plus de clarté pour les notaires de la Cour d’appel dans la gouvernance. Il n’y avait plus d’utilité pratique à conserver quatre instances, cela créait un manque de compréhension sur la répartition des compétences respectives ainsi qu’une complexité budgétaire. 
Les décisions peuvent être prises plus rapidement, l’uniformisation des pratiques et activités professionnelles sur l’ensemble du territoire de la Cour d’appel est mieux assurée.

Quels sont les enjeux actuels et futurs de l’évolution du métier de notaire ? 

La profession est confrontée, comme beaucoup, à de nombreux défis. Actuellement, je pense que nous devons d’abord parachever et réussir l’intégration dans de bonnes conditions économiques de tous les notaires qui ont créé de nouvelles études. Actuellement, près de 63% des notaires en exercice n’étaient pas nommés il y a 10 ans ! Cette bonne intégration doit passer par un ralentissement sévère voire une suspension du nombre de création d’études.
Concernant des enjeux plus techniques, je citerai la gestion de la cybercriminalité pour sécuriser les flux financiers qui transitent par les études des notaires ainsi que la sécurité des données confidentielles en lien avec le secret professionnel.
On pense inévitablement au développement de l’IA. Il apparaît assez clairement que notre pratique professionnelle quotidienne va être modifiée. Dans le sens de l’optimisme, l’IA permettra au notaire et ses collaborateurs de se libérer de certaines tâches administratives sans grande valeur ajoutée pour se concentrer sur les questions juridiques et la qualité du conseil personnalisé proposé au client. 

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite devenir notaire ?

Sur la question des connaissances, je conseillerais de développer ses facultés au raisonnement juridique, c’est-à-dire ses facultés à savoir se poser les bonnes questions pour trouver le raisonnement aboutissant à la réponse juridique la plus fiable. à mon sens, un bon juriste a toujours et d’abord été celui qui sait poser les bonnes questions. 
Ce métier, au-delà des connaissances, est un métier d’expérience, de relations humaines. Je pense qu’il est important qu’un jeune diplômé exerce quelques années en tant que salarié avant de s’installer, si possible dans des études différentes.
Il faut apprendre à bien se connaître, identifier si l’on souhaite exercer en milieu urbain ou rural, si l’on veut être seul ou associé à plusieurs, si l’on veut être généraliste ou spécialiste. Le métier d’un notaire d’une grosse étude parisienne n’a rien à voir avec celui d’un notaire individuel dans une commune rurale de 2.000 habitants.
Enfin, il faut bien prendre conscience des règles professionnelles et déontologiques, de ce statut si particulier d’officier public, qui exigent beaucoup de rigueur et ne conviennent pas nécessairement à tous.
Publié le  3 novembre 2025
Mis à jour le  3 novembre 2025