Rencontre avec Delphine Deschaux-Dutard, lauréate du prix de la Fondation pour les Sciences Sociales

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Retrouvez l'interview de Delphine Deschaux-Dutard, Maître de conférences en science politique et Vice-doyenne chargée des relations internationales à la Faculté de droit, qui a reçu un prix de la Fondation pour les Sciences Sociales, promotion 2022.

Qu’est-ce que la Fondation pour les Sciences Sociales ?

La Fondation pour les Sciences Sociales a été créée en 2011 sous l’égide de la Fondation de France. Elle est pluridisciplinaire et contribue à développer la recherche dans le domaine des sciences sociales. Chaque année, un appel à proposition est lancé avec une thématique précise. Le thème de cette année était le travail à distance.

Pourquoi avez-vous postulé ?

J’avais envie d’aborder ce thème sous l’angle des métiers liés aux domaines « sensibles », tels que la défense et la diplomatie. J’ai déjà travaillé un peu sur l’aspect virtuel des sommets diplomatiques et militaires depuis le début de la pandémie, et j’avais envie de creuser davantage ce sujet. De plus, j’ai développé un intérêt scientifique (ethnographique) pour le fonctionnement des métiers de la diplomatie et de la défense lors de ma thèse. à cela, s’est ajoutée une préoccupation plus actuelle : je me suis interrogée par rapport à nos propres pratiques en tant qu’enseignants : nous pouvons rencontrer des problèmes d’intrusion dans nos cours, comment cela se passe-t-il dans des métiers où le secret est important ?

Comment s’est déroulée la sélection ?

La fondation a reçu environ 180 candidatures. Elle a ensuite élu 12 lauréats représentant de nombreuses disciplines de sciences sociales (juristes, sociologues, anthropologues, ethnologues, sciences de l’éducation, etc.). Cela permet de regrouper des recherches issues de disciplines diverses et complémentaires autour d’une thématique circonscrite.

En quoi consiste le prix que vous avez reçu ?

Le prix consiste en un financement après production d’un chapitre. Il s’agit d’un financement à hauteur de 2500 euros.
L’objectif est de présenter un ouvrage collectif regroupant les chapitres rédigés par les 12 lauréats lors d’une journée d’études organisée en 2023 et relayée par la presse nationale (le journal Le monde notamment).

Comment allez-vous aborder le thème ?

Pour faire mes recherches, je dois aborder plusieurs dimensions.
  • Premièrement, il y a la dimension technique. Comment fait-on pour continuer à coopérer avec des partenaires internationaux dans le contexte actuel ? Comment s’adapte-ton au tout numérique ? Les réunions via la plateforme Zoom, par exemple, ne sont pas possibles car les risques d’intrusion dans les réunions sont trop grands… Par conséquent, doit-on faire appel à des prestataires particuliers, utiliser une clé de cryptage… ?
  • Deuxièmement, il y a la question de l’informel. Les gestes informels sont très importants dans le domaine de la diplomatie et de la coopération en matière de défense. La poignée de main, la photo de famille lors d’un sommet, les discussions de couloir en marge des sessions officielles, sont autant de diplomatie de couloir fondamentale pour atténuer les risques de malentendus entre pays partenaires. Est-ce que la communication entre les pays est, de ce fait, plus compliquée ?
  • Troisièmement, je souhaite étudier les conséquences du travail à distance sur les métiers de la diplomatie et de la défense. Sont-ils modifiés dans leurs missions ?
J’ai prévu une dizaine d’entretiens minimum auprès du ministère des armées et du ministère des affaires étrangères pour répondre à toutes ces questions et en tirer des perspectives de recherche pour mieux comprendre l’impact de la pandémie sur ces domaines.
Publié le  3 janvier 2022
Mis à jour le  3 janvier 2022