Zoom sur l'édition 2022 du concours Quintilien

Distinction / Prix Vie étudiante
Crédit photo : Etujuris
Vendredi 18 mars 2022 a eu lieu la finale du Concours Quintilien organisée par l’association étudiante Etujuris. La 7ème édition du plus grand concours d’éloquence de l’agglomération grenobloise a une fois encore rencontré un vif succès.
Pas moins de 35 candidats ont participé à la première phase de sélection au cours de laquelle 14 participants ont été sélectionnés, dont 3 duos, pour tenter de remporter la finale du concours. Plusieurs composantes de l’UGA étaient représentées.

Le jury de la finale était composé de Monsieur le Doyen de la Faculté de droit de Grenoble, Jean-Christophe Videlin, qui présidait le jury ; Madame la Présidente du conseil académique de l’Université Grenoble Alpes, Caroline Bertoneche, qui représentait Monsieur le Président, Yassine Lahknech ; Madame la Directrice de Sciences Po Grenoble, Sabine Saurugger ; Madame la présidente de la cour d’appel de Grenoble, Pascale Vernay, Madame le Bâtonnier honoraire de Grenoble, Evelyne Tauleigne ; Monsieur le député de l’Isère, Jean-Charles Colas-Roy.

Nous félicitons les 4 lauréats du concours :
  • 1ère place : Élodie Raimbault et Terry Mouffok Mendoza, étudiants en master 1 Droit Européen
  • 2ème place : Jonathan Mial, étudiant en Bachelor Marketing et Communication
  • 3ème place : Doriane Rey, étudiante en master 1 Diffusion de la Culture
Découvrez, ci-après, le témoignage de Joris Messineo, co-responsable du concours d’éloquence Quintilien, ainsi que l’interview de Terry Mouffok Mendoza et Élodie Raimbault, gagnants du concours.

Témoignage de Joris Messineo :

« Pour la 7ème édition du Concours Quintilien, nous avons choisi le thème de l’ego. Cela nous amusait de confronter les candidats à eux-mêmes ! Le choix du sujet est cela dit une affaire sérieuse. Celui-ci étant commun à l’ensemble des finalistes, il doit être suffisamment large pour permettre à chaque candidat d’adopter une approche qui lui est propre, tout en conservant un fil conducteur. Il s’agit là d’une spécificité et d’une exigence du concours Quintilien à laquelle nous sommes attachés. Mais le risque avec ce cahier des charges est de basculer dans un sujet « bateau », ou trop « lisse ». Nous avions comme autres idées, par exemple, « La paix » ou « L’humanité » que nous avons finalement jugées trop impersonnelles et trop liées à l’actualité. Avec le thème de l’ego, nous invitions non seulement les candidats à approcher la notion théorique et ses différentes conceptions, mais encore à se confronter à leur propre ego ! Il s’agit même d’une mise en abîme : à la différence des concours de plaidoirie et de nombreux concours d’éloquence, le concours Quintilien ne confronte pas directement les candidats les uns aux autres par des interrogations où l’un soutient l’affirmative et un autre la négative. Chacun est face à lui-même devant le sujet, et devant le jury ! Comme je l’ai rappelé aux finalistes avant l’épreuve : « Votre adversaire, ce ne sont pas les autres candidats, c’est vous-même !». C’est aussi cette philosophie attachée au concours Quintilien qui transparaît dans le sujet choisi.
Si je dois dresser le bilan de cette dernière édition du concours je dirais qu’elle était assez paradoxale. Après l’annulation de la finale en 2020 et un concours intégralement dématérialisé en 2021, il s’agissait du retour à un événement en présentiel et sans restriction sanitaire. Un enjeu majeur ! Pour autant, nous n’avons pas eu la folie des grandeurs, la finale a été organisée tout en sobriété. Pas de grands moyens ni de mise en scène grandiose. Juste les candidats et leur voix, parfois sans micro. Un moment d’authenticité, une parenthèse dans le temps. Aussi le bilan est-il globalement positif : la continuité du concours Quintilien est assurée et des points d’amélioration ont pu être soulevés. Ce sont la rigueur et la réflexion qui permettent la constance du projet et sa perfection d’année en année. L’implication de nos partenaires, qu’ils soient associatifs, institutionnels ou commerciaux est également fondamentale. Je souhaite ici les remercier chaleureusement de s’être mobilisés. »

Interview de Terry Mouffok Mendoza et Élodie Raimbault :

Quels sont vos parcours universitaires respectifs ?

Terry : J’ai fait une double Licence de Droit à Cergy, avec une spécialité en Droit espagnol et latino-américain. Dans ce cadre, je suis parti en Erasmus une année à Grenade, en Espagne. Je suis actuellement en Master 1 de Droit européen parcours Carrières juridiques européennes.

Élodie : J’ai fait une Licence de Droit à Lyon et suis également partie en Erasmus à Vienne, en Autriche, durant ma L3 pour découvrir un nouveau système juridique et des matières qui n’étaient pas proposées en France. Je suis cette année en M1 de Droit européen avec Terry.

Pourquoi avez-vous participé au concours Quintilien ?

Terry : Nous avons pris la décision de candidater ensemble. Cette année on a participé au GMUN organisé par l’association AMEDIE ce qui nous a permis d’expérimenter la simulation, l’éloquence et de tester notre duo. Ça a été un triomphe ! Nous avons été qualifiés et élus la « délégation la plus charismatique et dramatique » ! On a donc voulu réitérer l’expérience.
Pour ma part, ce concours m’a semblé ludique alors je n’ai pas hésité. Et puis c’était aussi l’occasion d’aider Élodie à embrasser sa légitimé de participer à des concours comme celui-ci.

Elodie : Comme le dit Terry, ce n’est pas tant que je suis timide ou que je n’ai pas confiance en moi, c’est plutôt que je ne me sentais pas légitime à m’inscrire à un concours d’éloquence ; ce qui n’était pas vrai avec du recul.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’un duo ?

Elodie et Terry : Nous sommes un duo qui marche bien dans nos études, ça coulait de source d’y participer ensemble et surtout de partager ces moments ensemble. Tels le Ying et le Yang, nous nous complétons et la réussite ne peut s’acquérir qu’avec un tel équilibre.

Comment avez-vous préparé ce concours ?

Elodie et Terry : Notre travail de réflexion a été très spontané Les sujets proposés nous ont semblé très naturels. Pour les qualifications, nous avons dû traiter le thème « Lorsque l’on veut le bien, trop tard n’existe pas ». Nous n’avons pas eu besoin de nous concerter pour savoir comment aborder ce sujet, nous avions la même façon de voir les choses. On a interprété la notion de bien comme le bien pour nous-mêmes. C’était thérapeutique en un sens, on a parlé de choses personnelles mais pour lesquelles d’autres personnes pouvaient aussi s’identifier.
Suite à notre qualification, grâce à Etujuris, nous avons participé à une rencontre avec un metteur en scène et une comédienne à la MC2.  Cette vision théâtrale était très inspirante pour préparer la finale sur le thème de l’ego…

Comment avez-vous abordé le thème de l’ego ?

Elodie et Terry : On s’est tout de suite dit qu’il fallait qu’on personnalise l’Ego, qu’on lui laisse une place. On en parle souvent mais on ne l’incarne presque jamais, pourtant, c’est la seule façon pour nous d’en comprendre toutes ses nuances.
L’un était dans la tête de l’autre, pour nous c’était évident, on pensait que les autres candidats allaient aussi choisir cette option, mais finalement nous étions les seuls à présenter les choses comme ça. Nous avons aussi amené un versant très théâtrale à notre prestation, ce qui a beaucoup plu au jury et surtout au Doyen de la Faculté de droit.

Une formation en droit est-elle un avantage dans ce concours ?

Elodie : Pour ma part je n’ai jamais eu l’occasion de réaliser un tel exercice durant mon parcours universitaire. Je n’ai jamais eu à utiliser la langue française de cette manière dans des oraux. Je trouve que ce concours est finalement très littéraire. Je reconnais tout de même que l’étude du droit a sans doute joué un rôle dans l’organisation de nos idées mais pas pour l’éloquence. Pour moi, c’est plutôt un instrument personnel, que l’on se doit nous-mêmes d’approfondir et de forger.

Terry : Moi je trouve quand même que l’étude du langage juridique, le syllogisme, ont façonné notre discours dans sa structure. Le droit nous a également donné les clés d’un langage soutenu.

Quels sont vos sentiments suite à votre réussite au concours Quintilien 2022 ?

Terry : On est très fiers car l’enjeu était plus grand que simplement le concours. J’ai pu montrer devant un jury composé de juristes de renom que la non-binarité n’est pas un frein à l’éloquence, ni à l’excellence. Dans un monde professionnel qui fonctionne peu ou prou par la binarité, c’était important de monter sur scène en jupe et en talons et donner le meilleur discours que l’on puisse. Je voulais aussi montrer à Élodie que la légitimité doit s’acquérir par nous-mêmes et je pense qu’elle l’a compris durant tout le déroulé du concours. C’est gratifiant de pouvoir aider mon amie et d’autres gens qui pourraient s’identifier au message que nous portons.

Elodie : Nous sommes fiers, heureux et émus. Le Doyen m’a dit « ne pleurez pas sinon on vous enlève la coupe ! ».  Outre cela, j’ai pu en effet me rendre compte que mon travail avait de la valeur et que la seule légitimité que je dois rechercher, c’est à dire l’honneur que je dois espérer, est envers moi-même.

Elodie et Terry : Au-delà de la récompense, nous avons fait la rencontre de gens incroyables. Nous avons développé un culte de la compétition bienveillante et positive, avec une entraide entre tous les candidats. à chaque passage, chacun soutenait les autres, c’était très beau ! C’était aux couleurs de l’étendard de notre Faculté : entraide et coopération.

 
Publié le  28 avril 2022
Mis à jour le  28 avril 2022