Interview de Ricardo Salas Rivera, doctorant en droit

Formation, Vie étudiante
Hébergée par la Faculté de droit de Grenoble, l’école doctorale sciences juridiques (EDSJ) de Grenoble accompagne près de 130 doctorants. Nous vous proposons de découvrir le témoignage de l’un d’entre eux, Monsieur Ricardo Salas Rivera, 27 ans, en deuxième année de thèse.

1. Pouvez-vous nous présenter votre parcours de formation ?

Au cours de mes études, j’ai fait une double licence en droit et sciences politiques, puis un master 1 en droit public à l’Université Lyon 2. Par la suite, j’ai réalisé un master 2 en droit public fondamental, avec un premier semestre effectué à l’Université de Toulouse et un deuxième semestre à l’Université du Costa Rica. C’est là-bas que j’ai découvert le droit électoral dans lequel je me suis spécialisé. J’ai d’ailleurs décidé de poursuivre en thèse à la Faculté de droit de Grenoble car c’est ici que se trouve l’un des spécialistes en droit électoral, le Professeur Romain Rambaud.

2. Pourquoi avez-vous choisi de faire une thèse ?

Tout d’abord, j’ai pris beaucoup de plaisir à faire mon mémoire de master 2. Bien évidemment, ce travail réalisé en quelques mois n’est pas comparable avec la thèse qui demande un effort sur du long terme, mais cela a confirmé mon intérêt pour le domaine de la recherche. J’avais cette idée depuis la L3 et les chargés de TD (travaux dirigés) qui m’ont encadré durant mes études ont su me donner envie de continuer dans cette voie en m’expliquant en quoi consistait le doctorat.
Du point de vue de ma formation, le sentiment de finaliser mes études avec le plus haut diplôme est une satisfaction supplémentaire. Par ailleurs, la carrière universitaire me plaît beaucoup : c’est mon objectif professionnel.

3. Quel est votre sujet de thèse ?

Je travaille sur l’autonomie du droit électoral, le but étant de réaliser une étude comparée entre le droit public (élections présidentielles, par ex.) et le droit privé (élections des délégués du personnel, par ex.). Dans ce cadre, je cherche à savoir si les élections sont appréhendées de la même façon par les juges de droit public et ceux de droit privé, en analysant les éléments communs du point de vue de la jurisprudence. Pour réaliser ma thèse, j’ai obtenu un contrat doctoral sur 3 ans que je souhaite compléter par deux ans supplémentaires en tant qu’ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche). Je suis actuellement en fin de deuxième année de contrat doctoral et je me laisse encore 3 ans pour finaliser ma thèse. C’est la durée recommandée par le CNU (conseil national des universités) dans le domaine des sciences juridiques.

4. Comment êtes-vous encadré durant ces années de thèse ?

J’ai la chance d’être particulièrement bien encadré à Grenoble. Mon statut de chargé de TD me donne droit à un bureau au sein de la Faculté et j’y travaille régulièrement. Il est situé à côté de celui de mon directeur de thèse, ce qui nous permet d’échanger facilement. Je conserve ainsi une certaine rigueur et puis cela crée une émulation lorsque l’on travaille aux côtés d’autres doctorants.
L’école doctorale sciences juridiques est aussi là pour nous encourager dans nos initiatives. En tant que représentant des doctorants au Conseil de l’EDSJ, je peux porter leur parole et je constate que le directeur de l’école soutient nos projets.
Le centre de recherche auquel je suis rattaché, le CRJ (centre de recherches juridiques), est également important pour l’aspect scientifique. À Grenoble, les doctorants ont la chance de participer aux conférences et séminaires organisés par les centres de recherche.

5. Quelles autres activités assurez-vous en dehors de votre travail de recherche ?

Dans le cadre de mon contrat doctoral, je réalise 64h d’enseignement, auxquelles il faut ajouter la préparation des cours, la correction des copies… Je donne des cours de droit constitutionnel en première année, droit administratif en deuxième année et contentieux constitutionnel en master 1. J’apprécie énormément l’enseignement, tout autant que la recherche, notamment lorsque je fais cours à des étudiants de M1 car ils sont peu nombreux, très intéressés, et je peux donc avoir de vrais échanges avec eux. Lorsque l’on prend le temps de s’investir auprès des étudiants, ils nous le rendent bien, ce qui est très plaisant. J’aime aussi profiter de mon rôle pour leur parler du doctorat et répondre à leurs questions, comme d’autres chargés de TD l’on fait pour moi.
Par ailleurs, je viens de finir mon premier article (une étude de 50 000 signes), co-écrit avec Romain Rambaud, concernant le bilan du contentieux direct des élections législatives de l’année passée, pour la revue AJDA (actualité juridique en droit administratif – Dalloz) qui est importante dans le domaine du droit public. L’accès à la publication est très variable selon les opportunités qui sont offertes aux doctorants. Le CNU conseille de présenter des articles écrits en intégralité par le doctorant, sur des thématiques différentes de sa thèse. Cet exercice prend beaucoup de temps mais c’est toujours intéressant pour la suite et pour assimiler la méthode de rédaction.
D’autre part, mon rôle de représentant des doctorants m’amène à organiser des manifestations comme, dernièrement, le
Tournoi des doctorants. Cet évènement a été bien perçu par les doctorants et a permis de créer un sentiment d’appartenance
dont nous avions besoin, en faisant se rencontrer les nouveaux et les plus anciens. Notre action a aussi été soutenue par les
laboratoires, l’EDSJ et la Faculté, ce qui est valorisant.

6. Comment s’organise un travail de thèse sur le long terme ?

En théorie, on commence par la recherche puis on rédige à la fin de la thèse. Nous avons, mon directeur de thèse et moi,
adopté une stratégie différente qui consiste à écrire dès le début. Je mets directement à l’écrit mes résultats de recherche puis
je poursuis avec un travail de réécriture pour élaborer une étude à part entière. Cela donne l’impression d’avancer et évite la
frustration. La soutenance, quant à elle, se prépare réellement les 3 derniers mois.

7. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants intéressés par le doctorat ?

La première chose à faire est de poser des questions aux doctorants et autres acteurs de la Faculté (EDSJ, enseignantschercheurs).
Il y a certaines choses auxquelles on ne pense pas toujours comme le choix du directeur de thèse, qui est très
important, les modes de financement possibles, souvent très opaques, etc.
Il faut également avoir conscience que le doctorat est une vraie épopée solitaire. Il faut être assez discipliné car on est livré à
soi-même et on est seul devant notre ordinateur au moment de rédiger…
Pour le choix du sujet, j’ai moi-même eu la chance de le déterminer en fonction de mes envies, mais il faut savoir que ce n’est pas
toujours le cas. Certains sujets sont fléchés et c’est le financement qui détermine ce sur quoi on va travailler. Pour moi, il n’y a qu’une
façon d’aborder une thèse, en étant passionné par son sujet, même si cela implique d’avoir parfois du mal à parler d’autre chose !
Publié le  2 mai 2018
Mis à jour le  2 mai 2018